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Histoire d'une famille

Il nous faut remonter en 1922 pour que Victor BRION dit Firmin, (10/01/1884-23/12/1957) et son épouse Marie NICKELS dit Bertha (14/02/1884-17/06/1966) ouvre une boucherie charcuterie au n° 5 de la rue du Moulin à Mussy-la-Ville.

Firmin, (fils de Bernard BRION et d’Angélina LOEVENBRUCQ) travaille en qualité d’ouvrier des forges à Gorcy au four Puddler, à deux pas de la frontière française toute proche. Il se rend à pied à son travail et travaille de dix à douze heures par jour. Au fil des années, ce travail devint éreintant et très fatigant pour un maigre salaire, malgré le change avantageux de l’époque par rapport à la Belgique (1FF valait 1F25 belge).

Au printemps 1906, Firmin et son épouse Bertha émigrent au Canada accompagnés de leurs deux enfants, Rosita quatre ans et Georges deux ans, rejoints par des habitants des villages d’Athus, Battincourt, Mussy…. Ils débarquent après un long et coûteux voyage en bateau à Brussels Winnipeg dans le Manitoba.
En un premier temps, ils travaillent pour la compagnie Général Store, une succursale de grands magasins. Par la suite, ils tiennent une grande exploitation agricole comprenant des bœufs, des taureaux, une vingtaine de chevaux de halage ainsi qu’une dizaine de chevaux de trait pour le débardage des bois. Ils défrichent de nombreuses terres et en deviennent propriétaires.
Ils reviennent en vacances à Mussy-la-Ville chez Auguste, le frère de Firmin. « Ayant repris l’air du pays et un peu de bon temps», ils décident de ne pas retourner au Canada. Mais que faire afin de retrouver du travail ? Nous sommes en octobre 1921.

Début 1922, Firmin ouvre une boucherie qui sert également d’abattoir. C’est ainsi que muni d’un passavant, il devint abatteur chevilleur livrant des porcs aux abattoirs de Longwy. Tous les lundi, il se rend dans les fermes des villages environnants à la recherche d’animaux pour l’abattage.
Firmin et son épouse eurent 3 enfants : Rosita, épouse René Mamdy boucher à Ruette, Georges, époux de Marie-Lucie Noerdinger qui tinrent une boucherie à Harnoncourt et Wihelmine, épouse Numa Thiery, qui devint bouchère à son tour également.
C’est ainsi que les trois enfants profitèrent des enseignements inculqués par leur père afin de tenir à leur tour une boucherie! Ainsi se confirme l’adage d’antan que les enfants reprennent souvent le métier de leur père…

En 1954, Wihelmine (30/08/1911-02/09/1996) reprend la boucherie paternelle secondée de son mari Numa (31/05/1904-03/02/1987 - cheminot à la gare de Ruette en qualité d’agréé). La tournée était assurée à la fois par Wihelmine en voiture Ilman et Numa qui l’accompagnait à vélomoteur, desservant tout deux les habitants et les magasins des villages environnants en charcuteries tels que saucisses, lards et pâté de foie. Ils eurent trois enfants : Bernard, Michel, Agnès.

Début 1958, Bernard, ayant suivi les cours de boucher à l’école d’Auderghem seconde ses parents à la boucherie. En 1970, ce fut l’année fatidique pour de nombreux indépendants de la mise en application de la fameuse TVA sur les produits. C’est à cette date que Bernard s’expatrie au Congo pour le compte de la société Frigo Congo.

En mars 1970, suite au départ de Bernard, c’est son frère Michel qui reprend la boucherie secondé de son épouse Eliane Lepage. Ils continuent à vendre la viande, les salaisons, le pâté de foie (cuit chez le boulanger Germain Husson), et le pâté gaumais qui prenait de l’essor, (cuit chez le boulanger Germain Lefebvre), lors des tournées dans les villages environnant comme le faisait leurs parents. Pendant deux ans, Michel tient également une boucherie à Musson près de la poste. Michel et Eliane ne se sont pas mariés un samedi, mais un lundi, car le samedi était considéré comme sacré au point de vue des rentrées financières! Ils eurent trois enfants : Christian, Fabienne, Frédéric.

Michel n’en démord pas en confirmant que les bons produits achetés et livrés aux clients depuis de nombreuses années sont propices à garder une bonne santé. Et de regretter que dans certains commerces, l’industriel a supplanté l’artisanat. Ce n’est plus la même marchandise d’antan que l’on vend aujourd’hui, surtout avec l’additif de nombreux colorants et conservateurs qui n’existaient pas du temps des ses grands-parents.
C’est pourquoi Michel à l’instar des artisans charcutiers de Gaume, a rejoint également l’association de la défense des produits nobles de notre terroir par la fabrication à l’ancienne du pâté gaumais labellisé ainsi que du saucisson gaumais. Et de regretter amèrement les contraintes européennes par des investissements colossaux que doivent supporter les jeunes indépendants qui se lancent dans leur petite entreprise et les mises en conformité aux normes HACCP qui sont très coûteuses et contraignantes, tout en voulant préserver la qualité du produit vendu. Et dire que la boucherie Thiéry a fonctionné depuis 56 ans, sans toutes ces formalités et tracasseries de toutes sortes qui minent le métier d’artisan d’aujourd’hui. C’est un constat amer d’en être arrivé à un tel point aujourd’hui…

En 1996, c’est la fin de la boucherie Thiéry.
Ce fut au prix d’énormes sacrifices que Michel construisit un tout nouvel atelier de salaisons aux normes HACCP tout en restant dans des normes bien spécifiques sans construire un atelier industriel.
C’est Frédéric, le deuxième des fils, qui après avoir suivit les cours du soir en boucherie à Libramont, seconde ses parents Michel et Eliane à la fabrication et à la vente des salaisons gaumaises tels que saucisses, saucissons gaumais, lard maigre et saucisse de sanglier. Ces produits sont fumés à l’ancienne à la sciure de hêtre et vendus dans les moyennes et grandes surfaces de la région. A regrets cependant, de ne plus desservir que quelques petits magasins de village qui disparaissent de plus en plus.

En 2002, Frédéric se lance et reprend à son propre compte l’affaire familiale, secondé de son épouse Sandra Larue. Ils ont actuellement trois enfants : Romane, Marion et François.
C’est en début 2006 que fut décidé, l’installation aux normes sanitaires requises d’une salle de cuisson, l’acquisition d’un laminoir et d’un pétrin pour la fabrication de la pâte ainsi qu’un four pour la cuisson des pâtés gaumais et grâce à cette salle il pourra faire également du boudin, des terrines de pâté, etc. Travaillant en libre service, les pâtés gaumais produits par Frédéric sont directement mis sous vide, leur confortant une fraîcheur de trois semaines sous atmosphère protégée en conditionnement de 250 grammes, 600 grammes et en 1 kilo 200.

Ces conditionnements sont bien sûr régis selon des normes strictes par l’AFSCA, qui reprennent sur l’étiquetage : le numéro du lot, la traçabilité de la viande, des épices, de la farine, des oeufs employés ainsi que les allergènes que contient le produit fini, ce qui demande un travail supplémentaire et une attention soutenue non négligeable.

Frédéric formule le souhait, de pouvoir encore longtemps perpétuer la fabrication à l’ancienne de ses produits, de sauvegarder les recettes transmises par ses parents et grands parents, et de continuer à promouvoir la défense de nos produits gaumais.

 

Michel DEMOULIN • Le Gletton n°363 JUIN 2006

 

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